Santé

Pourquoi les femmes sont-elles encore discriminées dans l'accès aux soins ?

Par Fassie Vouakouagata
25 janvier 2025

L'accès aux soins de santé pour les femmes reste une problématique mondiale. Malgré des progrès dans certains domaines, les discriminations persistent, privant de nombreuses femmes des traitements ou de l'accompagnement nécessaires. Ces inégalités, souvent exacerbées par des facteurs comme le genre, l'origine sociale ou culturelle, et l'identité sexuelle, rappellent qu'un combat majeur reste à mener.

Des barrières persistantes et invisibles

En France, 64 % des personnes qui reportent ou renoncent à des soins sont des femmes, soit environ 9,5 millions de femmes chaque année. Ces barrières sont souvent dues à des freins économiques, mais aussi à des discriminations systémiques. Les patientes vivant dans des zones rurales ou éloignées signalent un accès limité aux soins spécialisés, notamment en gynécologie ou en santé mentale. De même, les femmes issues de minorités, les migrantes ou les sans-papiers rencontrent des obstacles spécifiques, comme la barrière de la langue, les préjugés culturels ou la peur d'être stigmatisées.

Les femmes transgenres et celles vivant avec un handicap subissent également des discriminations marquées, se voyant parfois refuser des soins de base ou des services spécifiques liés à leur condition.

Un enjeu mondial

À l’échelle internationale, la situation est encore plus alarmante. Dans de nombreux pays, les infrastructures médicales sont insuffisantes, obligeant des millions de femmes à parcourir de longues distances pour accéder à des soins. Dans certaines régions, les droits reproductifs sont sévèrement restreints, rendant l'accès à la contraception ou à l’avortement quasiment impossible. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les complications liées à la grossesse et à l'accouchement restent l'une des principales causes de décès chez les jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans dans les pays en développement.

Les crises humanitaires aggravent également la situation : les femmes déplacées ou vivant dans des zones de conflit voient souvent leurs besoins en santé relégués au second plan, accentuant leur vulnérabilité.

Pourquoi ces discriminations perdurent-elles ?

Les inégalités dans l'accès aux soins reflètent des biais structurels profondément ancrés. Au-delà du genre, d'autres facteurs comme la race, la classe sociale ou l'orientation sexuelle viennent complexifier ces discriminations. Ces intersections rendent les parcours de soins encore plus fragmentés et inégaux.

Un problème clé reste le manque de sensibilisation des professionnels de santé. Beaucoup ne sont pas formés pour reconnaître leurs biais inconscients ou adapter leurs pratiques aux besoins spécifiques de chaque patiente. Par exemple, une étude de 2024 réalisée en France montre que les douleurs des femmes sont souvent minimisées dans les services d'urgence, un biais qui peut avoir des conséquences dramatiques, notamment pour les femmes atteintes de maladies chroniques comme l'endométriose.

Vers une prise de conscience collective

Face à ces défis, des initiatives voient le jour pour réduire les inégalités. Des associations comme Gynécologie Sans Frontières interviennent dans les déserts médicaux pour garantir un accès aux soins gynécologiques. Par ailleurs, des campagnes de sensibilisation comme celles menées par l'OMS visent à promouvoir l'égalité des soins dans les pays en développement.

En France, des mesures récentes tentent d’améliorer la situation. Par exemple, depuis 2021, la contraception est gratuite pour toutes les femmes de moins de 26 ans. Cependant, ces avancées restent insuffisantes face à l’ampleur des besoins.

Garantir un accès équitable aux soins pour toutes les femmes est une question de justice sociale et d’efficacité des systèmes de santé. En s’assurant que chaque femme puisse recevoir les soins qu'elle mérite, quelle que soit sa situation, nous contribuons à construire une société plus inclusive et respectueuse des droits humains.

Conscience Magazine s'engage à continuer de mettre en lumière ces enjeux, à relayer les initiatives positives et à dénoncer les discriminations. Ensemble, œuvrons pour que l'accès aux soins devienne enfin un droit universel et non un privilège.

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